Je voudrais vous y voir. Essayez donc de grimper dans une baignoire sabot pour poupée avec douze centimètres de talons et un pantalon slim.

Caterham

S’installer à bord d’une Caterham, c’est ça. Sauf que la mini baignoire, une fois installée tout au fond, c’est très stable et tellement relaxant. Alors que cette Lotus Seven 275R, c’est au moment où vous êtes installée qu’elle se réveille. Déjà qu’il a fallu éviter de se brûler la gambette au cinquième degré sur le pot d’échappement qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de  se caler le long de la portière.

Lotus

Une fois l’obstacle franchi, un petit mais savant déhanchement permet de se laisser glisser dans le tout petit baquet du tout petit siège, comme une sardine parmi ses copines de boite. Ensuite, suffit de démarrer ? Pas du tout, parbleu ! On n’est pas au volant d’une 208 ! Ici, il faut presque recoudre la portière pour la fermer (un peu).

Lotus seven

Puis, engager la clé de contact, avant de déverrouiller l’antivol, et de pousser le bouton du démarreur. En gros, une demi-heure après avoir décidé de faire un tour, le 4 cylindres de 135ch s’ébroue enfin.

Et c’est là que tout commence. Que les contorsions sont oubliées, l’exiguité ignorée, et les commandes rudimentaires acceptées. Car avec son architecture de bête à concours et son poids riquiqui, la Caterham n’a qu’une idée en tête : filer la banane à celle ou celui qui se trouve derrière son petit volant.

Attention, la Caterham ne se conduit pas avec des talons

L’antidépresseur anglais redonne le sourire au plus pessimiste des Mormons, grâce à des accélérations de Rafale et une agilité de cigale. A condition de troquer son slim et des talons contre une combi et des chaussures Sparco. Ou, au pire, un vieux jogging et des baskets. Car il faut s’en occuper du destrier. Et taper fort dans ses pédales tellement proches les unes des autres que l’indélicat aura tôt fait de les confondre.

Catherham

Mais une fois l’exercice bien assimilé, elle devient irrésistible la petite anglaise. Sa direction ultra courte et son freinage hypra mordant donnent envie de se faire les dents sur tous les petits virages qui osent se présenter devant  elle.

Caterham 275R

Evidemment, on se la joue moins Lewis Hamilton en arrivant chez Leclerc. Car le coffre de la Caterham, où se loge la capote (espèce de toit souple a qui on ne confierait pas une vraie averse) permet à peine de ranger un paquet de chips (même pas le gros paquet familial).

De toute façon, sa famille, quand on s’offre l’anglaise, on la renie. Ou on l’oblige à nous suivre à pied, en courant.

Caterham

C’est que même à deux, c’est la crise du logement dans l’habitacle. Et la liste des ennuis à bord ne s’arrête pas à son habitacle liliputien. Si l’on a perdu la trace de l’hypermarché, inutile de compter sur un GPS pour le retrouver. Envie de recharger son portable pour appeler sa copine et lui dire qu’on s’est offert une Caterham ? Impossible : pas la moindre trace de prise USB à bord. Quant à la clim, ce basique dispo dans la première Clio, elle est aussi absente que le système Isofix qui permet de caser les sièges bébé. Bref, elle n’a rien pour elle, mais tout pour le plaisir. Celui qui procure un jouet pour grands, parfaitement inutile, mais tellement indispensable.