Ce n’est pas une simple petite crise qui s’abat sur l’automobile, mais les sept plaies d’Égypte. Des salons désaffectés par manque de public et de constructeurs (Francfort et Paris), ou par risque de Coronavirus (Genève), en passant par la décroissance chinoise et les normes antipollution drastiques en Europe et les interdictions à venir, ou déjà existantes de rouler dans les grandes villes du vieux continent, il ne fait pas bon se voir réincarner en auto ces temps-ci.

La presse auto, tendance déconfiture

Le journalisme auto lui-même, à l’instar de toute la presse, voit de nombreux titres être rachetés par des groupes qui externalisent la production de contenus et préfèrent embaucher des producteurs de contenus plutôt que des journalistes, provoquant une hémorragie sans précédent.

On pourrait se dire que tout ça va passer, que les constructeurs ont déjà fait des efforts incroyables pour mettre au point des moteurs super propres. Et que, du coup, les rues de Paris, Berlin, Madrid ou Londres vont à nouveaux aimer les voitures, et que les visiteurs vont à nouveau affluer dans les grandes foires à la bagnole. Sauf que c’est trop tard. L’auto est devenue la bête noire responsable du réchauffement climatique et de bien d’autres maux.

L’automobile en crise

Car le mal est très profond. Car si la voiture était indubitablement la grande affaire du XXe siècle, qui a marqué profondément la société, son économie, sa culture et son urbanisme, elle n’est sûrement plus ce grand dessein d’antan. Et la notion de liberté et de plaisir qui lui étaient associés, ont, eux aussi, déserté.

Les gosses rêvent ils encore de lignes fluides et de chromes rutilants ? De moteurs en V et de sonorités exacerbées ? On peut en douter. Comme on peut douter du fait que leurs parents aient envie de se saigner pour acheter la dernière Renaupeugeocitroën pour rendre jaloux leur voisin. L’automobile fonctionne depuis 120 ans à coups de frissons et de promesses : celles et ceux que procurent une franche accélération, et la garantie d’aller loin et vite dans son cocon. Mais c’est fini.

Les irréductibles : le dernier bastion de la passion auto

Évidemment, il reste des irréductibles accrochés à leur rêve d’un autre siècle. Ils se rendent à Rétromobile pour voir une dernière fois l’objet de leur convoitise disparu. Ils lisent aussi, une presse spécialisée dans les Youngtimers ou Oldtimers. D’autres afficionaodos ne manqueraient pour rien au monde la sortie de la nouvelle MercAudiBMW et connaissent par cœur les spécifications techniques de la dernière AMG RS M3. Mais des irréductibles ne font pas une société. Mais les derniers fans de nouvelles autos et les dingues d’anciennes ne constituent plus le socle suffisant d’un culte d’ampleur.

Alors les salons se désertifient. Alors la presse automobile s’appauvrit. Car tous les autres ne savent pas qu’en réalité leur Skoda est une VW, ils ignorent qu’une propulsion sous vire alors qu’une traction survire, et ils s’en fichent.

Vers la voiture machine à laver

Évidemment, les derniers adeptes s’accrochent à un chiffre : 92% des français ont besoin d’une bagnole. Mais si on effectuait le même sondage en remplaçant « voiture » par « lave-linge », le résultat serait similaire. Sans qu’il faille pour autant une presse spécialisée nous expliquant les qualités et les défauts du dernier Miele. Quant au salon de l’électro-ménager. Il a existé, et il s’est arrêté. Il y a vingt ans déjà.

Certes, tout cela n’augure pas d’un avenir très serein. Mais en attendant, il n’y a aucun mal à se faire du bien. Et que tous ceux qui aiment les Toyota Supra, les V8, les GT ou et les monstres de plus de 350 ch restent donc par ici. Ils permettront de prouver qu’une auto n’est pas encore tout à fait une machine à laver.

Photo de Une : Getty Image