Elon Musk, Ferdinand Porsche, Louis Renault et Henry Ford, même combat ? Les frasques du patron de Tesla, qui font chuter ses ventes et engendrent de la violence,  en disent long sur notre époque de radicalisation. Car avant lui, d’autres patrons de l’automobile affichaient des sympathies nauséabondes, sans aucun effet sur les ventes de leurs modèles.

C’est un fait avéré. Même s’il est toujours contesté par quelques révisionnistes et pourfendeurs de la démocratie en France comme ailleurs. Elon Musk a basculé du côté obscur. Celui où l’on participe à un gouvernement d’oligarques. Où le conflit d’intérêt n’est plus du tout un conflit. Celui où l’on profère, et réitère, un salut nazi quelques jours après l’investiture de Donald Trump. Celui, enfin, où l’on soutient très officiellement l’AfD, le parti d’extrême-droite allemand, aux côtés duquel Marine Le Pen apparaît comme une dangereuse gauchiste.

Elon Musk, Ferdinand Porsche, Louis Renault et Henry Ford, même combat ? Les frasques du patron de Tesla, qui font chuter ses ventes et engendrent de la violence,  en disent long sur notre époque de radicalisation. Car avant lui, d’autres patrons de l’automobile affichaient des sympathies nauséabondes, sans aucun effet sur les ventes de leurs modèles.

Tesla : le dilemme des amateurs de voitures électriques

Ces faits étant désormais connus, on peut comprendre le dilemme des amateurs de voitures électriques Tesla. Le bon vieux débat de la séparation de l’homme et de son œuvre reprend du poil de la bête dans les concessions ces jours-ci. La position de ceux qui décident de ne pas signer un chèque de plus de 40 000 euros à cette marque, histoire de ne pas cautionner l’activisme de son boss, est parfaitement compréhensible. À l’inverse, le choix de ceux qui passent outre, font la part des choses et ont envie de rouler en Américaine, même s’ils ne cautionnent pas le bonhomme, est tout aussi respectable.

Visiblement, les boycoteurs l’ont emporté face aux clients « malgré tout ». Les ventes se sont effondrées (de 70 % pour la seule Allemagne), tout comme le cours de la bourse qui a perdu près de la moitié de sa valeur en quelques semaines.

Certes, la détestation du patron n’est pas la seule cause de l’effondrement et le manque de renouvellement des modèles, comme la concurrence de plus en plus aiguisée ainsi que la baisse générale des ventes de voitures électriques en sont aussi la cause. Il n’empêche qu’une chute de ce niveau est inédite dans l’histoire.

Tesla : une violence inédite

Pour autant, si la débandade de Tesla est compréhensible, la haine que subissent ceux qui travaillent pour la marque l’est beaucoup moins. Entre les attaques des shows rooms aux États-Unis à coup de cocktail molotov, les tags nazis sur les voitures en France comme en Europe, et les insultes que subissent les collaborateurs de Tesla (et qui souvent ne partagent nullement l’opinion de leur boss) sont d’une violence jamais observée.

Protesters of French « Climate Justice Action » movement hang a banner reading « fascism shifts into second gear » on the facade of US car maker Tesla’s headquarters in France, during an action in opposition with Tesla’s CEO and US Department of Government Efficiency’s (DOGE) Elon Musk in Saint-Ouen, northern Paris, on February 11, 2025. (Photo by Thomas SAMSON / AFP)

Car des patrons qui dérapent et tournent le dos à la démocratie, l’automobile en a connu d’autre. En commençant par Ferdinand Porsche, qui a conçu la Coccinelle sur demande d’Hitler. De son côté, dans les années 30, Henry Ford ne cachait pas ses sympathies envers le 3e Reich. De même, à la Libération, Louis Renault, accusé de collaboration, est mort en détention à Fresnes sans avoir été jugé.

Pourtant, dans l’immédiat après-guerre, aucun garage Ford n’a été vandalisé, pas plus que les officines Volkswagen ou les ateliers Renault. Le public ignorait-il les prises de positions de ces grands patrons de l’industrie automobile ? En partie certainement, car les alertes ne tombaient pas toutes les cinq minutes sur des smartphones qu’il restait à inventer.

Même ceux qui connaissaient le CV de ces personnalités ne balançaient pas pour autant de cocktail molotov dans les vitrines des concessionnaires de ces marques. Car la violence de ces années-là était moins exacerbée qu’aujourd’hui. Et les réseaux sociaux s’appelaient le bistrot. La radicalisation ne se surmultipliait pas au-delà du comptoir comme elle devient aujourd’hui exponentielle sur Facebook, Insta ou X. 

Les réseaux sociaux sont une grenade dégoupillée et c’est Elon Musk qui la tient entre ses mains. Non seulement ses frasques ont allumé la mèche, mais Twitter rebaptisé X racheté par lui, est l’une des causes de ses problèmes actuels. Antidémocrate notoire, le milliardaire est aussi un pompier pyromane…