Mister No Limit a encore frappé. Après avoir envoyé un roadster (pour l’instant inexistant) en orbite, avoir présenté un pickup totalement surréaliste (le cybertruck) et après avoir baptisé son sixième enfant, X Æ A-12 (qui est un garçon, comme vous l’aurez deviné), voilà Don Musk (ou Elon Quichotte) en plein bras de fer avec l’Etat Californien. C’est que, de San Diego au Sud, à Sacramento au Nord, le gouverneur démocrate Gavin Newsom applique depuis le début de la crise une politique à l’Européenne, à base de confinement et de fermetures des usines. Mais Elon qui se décrète démocrate, républicain ou carrément Trumpiste selon le moment et son propre intérêt plutôt changeant, n’a pas envie de se confiner et n’a surtout pas envie de laisser son usine fermée. Pour lui, Covid ou pas, c’est business as usual et il vient de rouvrir son unité de production de Fremont. 

Tesla au Texas ?

Les autorités locales le menacent ? Pas de problème : il est prêt à payer de sa personne, et à se laisser embastiller pour que son usine puisse tourner. Mais le héros, pour qui les mesures sanitaires sont « fachistes » ne menace pas seulement de sacrifier sa petite personne sur l’autel de la liberté d’entreprendre : il exerce également un joli chantage à l’emploi. Car si la démocrate Californie refuse de laisser tourner la Tesla Factory du comté d’Alameda où se niche Fremont, Musk menace de déménager vers le très républicain Texas ou tout, ou presque, est permis.

Elon Musk toujours visionnaire ?

Un choix à priori étonnant. Car si Musk a souvent eu le nez creux en matière de business (la Tesla Model 3 connait une réussite incontestable et l’entreprise pourrait même devenir rentable un jour), ce déménagement n’est pas forcément une idée de génie. Et ce pour deux raisons : si l’un des employés de l’usine de Fremont tombe malade ou tout simplement s’avère positif au Covid, le patron décisionnaire sera tenu pour responsable. Enfin, la Californie recèle la majeure partie de la clientèle de Tesla. Le triplement du prix de l’essence dans l’Etat, voulue par Arnold Schwarzenegger pour faviriser l’électrique, a fait exploser la demande de voitures zéro émissions et l’offre de bornes de recharge. Au Texas, c’est juste l’inverse : l’essence coûte 30 cts le litre environ, et les Texans sont plus friands de pickups V8 que de silencieuses Model S. En outre, il n’est pas sûr que les Californiens prêts à craquer pour une Tesla voient d’un bon œil un tel déménagement. Sur ce coup là, pas sur qu’Elon puisse compter sur la chance légendaire qui le poursuit depuis le début de sa carrière.