« Y’a écrit pigeon sur mon front ?« . C’est ce que se demande Aurore, 40 ans, dès qu’elle franchit la porte d’un garage pour réparer son auto. C’est lors d’un voyage en Blablacar que j’ai pu discuter avec cette jeune femme au caractère bien trempé et l’interviewer en prenant des notes. « Y’a rien à faire. Quand je fais faire des devis, aucun n’est au même prix. Et lorsque j’envoie mon oncle, comme par hasard, les devis descendent« . Par conséquent, c’est à reculons qu’Aurore emmène sa vieille Golf au garage.
Car, célibataire, pas le choix : c’est bien toute seule qu’Aurore doit gérer les tracas de son carrosse. Une Golf noire « peu rayée » de 2013 qui lui rend bien des services, dont celui, vital, d’avoir un boulot. « Je vis à la campagne. Ma voiture, c’est tout pour moi« . Mais comme pour beaucoup de Françaises et les garages, le divorce est consommé. « Ça serait bien qu’on dépoussière cet univers. On est au 21ème siècle quand même. Il est temps que les stéréotypes se dissipent et que les femmes se sentent à l’aise au milieu des démontes pneu et des ponts élévateurs« .
« Je sais faire la différence entre un arbre à came et une feuille de Cannabis »
Comme l’indique le récent sondage IFOP pour Caroom, 76% des Françaises pensent que les garagistes les perçoivent comme nulles en mécanique. « Mon garagiste n’ose même pas me parler d’arbre à came, il supposerait que je suppose que c’est une plante qui produit les feuilles de Cannabis« , me confie Aurore en riant.
« Comme un sentiment d’être arnaquée »
Pire, quand elle se retrouve seule dans un garage, Aurore qui recouvre de son Chanel numéro 5 l’odeur d’essence et d’huile moteur, se sent perçue comme une anomalie. « Je sens bien que les garagistes cherchent un homme à qui s’adresser, en vain puisque j’ai divorcé (rires), et que ma présence les déstabilise« . Dommage. Car les filles sont de plus en plus nombreuses à se rendre chez le garagiste pour y effectuer entretien et réparations. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que, à l’instar d’Aurore, elles ne s’y rendent pas en toute sérénité. A quand une évolution ?
Des garages pour les femmes : un concept enterré ?
« Avant, poursuit Aurore, s’était créé Only Girls, un garage pour les femmes pour un accueil moins machiste et plus de transparence. Papier peint poudré, sol parqueté, bougies, canapés en velours… Je m’y sentais plus à l’aise. Il y avait même un coin beauté à l’étage. Hélas, le concept a été enterré. Plus rien depuis 7 ans« .
Un concept à reprendre ? Ou des garages à faire évoluer pour que garçons et filles s’y sentent bien ?