Le modèle de la dernière chance ? Avec sa DS numéro 8, et non DS8 (nuance !), la marque premium française tente le tout pour le tout en lançant un nouveau modèle qui doit chapeauter sa gamme, et tirer le constructeur du marasme. Et c’est loin d’être gagné.

C’est long d’imposer une marque premium. Audi aura mis 20 ans à y parvenir, et DS, lancée en 2015 est loin encore d’entrer dans ce cercle restreint dont les tauliers sont allemands et (un peu) japonais avec Lexus.
Pour le moment, le « luxe à la française » qui réussit dans nombre de domaines ne touche pas l’automobile et ce n’est pas faute d’essayer. Mais de la DS3 à la 7 en passant par la 4, la réussite n’est pas au rendez-vous. La DS9, vaisseau amiral lancé il y a quatre ans est un flop. Mais la marque haut de gamme de Stellantis n’en démord pas et tente à nouveau sa chance, avec la Numéro 8, histoire de se la jouer comme Chanel et son fameux parfum numéro 5.
Le problème, c’est que la nouvelle DS Numéro 8 n’est pas une fragrance légère, mais un gros SUV électrique de 4,58m. Elle reprend la plateforme de la Peugeot e-3008 et ses 700 km d’autonomie. Un lourd travail a été réalisé sur l’aérodynamique de la nouvelle Numéro 8 qui, du coup, revendique 50 km de plus que sa sœur roturière, une consommation de 12,9 kWh / 100 km et une autonomie de 500 km sur autoroute, rien que ça. Sauf qu’elle devrait coûter plus cher que sa cousine Peugeot avec des tarifs proches des 60 000 euros, en entrée de gamme de cette version puissante, même si un modèle plus light arrivera un peu plus tard.
DS N°8 : Un extérieur bling bling et un intérieur sobre

Côté style, si les lignes extérieures de cette « berline – SUV » sont quelques peu torturées, l’intérieur est, comme souvent chez DS, à la fois original et épuré, avec, notamment, un volant en X très réussi et une étonnante console centrale flottante
Cette belle affiche suffira-t-elle a assurer les beaux jours de la marque et à attirer les clients vers les show-rooms ? Rien n’est moins sûr, hélas, et ce pour plusieurs raisons. L’auto, même si elle sera déclinée en plusieurs puissances, ne serait disponible qu’en 100% électrique. Or, depuis le début de l’année, cette énergie a du mal à trouver preneur. Au mois d’août, à travers l’UE, les ventes d’électriques ont connus une baisse de 43 %. Sur la totalité de l’année, ces immatriculations devraient rester à peu près stables par rapport à l’an passé. Sauf que les constructeurs espéraient des hausses de 30% sur cette même période.

L’électrique, le perdant de l’année
En cause : les bonus consentis par les différents États européens revus à la baisse quand ils ne sont pas purement et simplement supprimés. Et en 2025, les principaux pays du vieux continent sont soumis à des soucis budgétaires, ce qui ne va pas les motiver pour offrir des cadeaux électriques.
Et puis DS souffre d’un déficit de notoriété dans les autres pays que le nôtre. Et qui dit notoriété faible dit valeur résiduelle moins élevée qu’une BMW ou une Mercedes. Cette valeur c’est le prix que représente une auto après 3 ou 4 ans d’usage et il est déterminant pour déterminer le choix d’un client, et surtout d’une entreprise, et c’est là le créneau principal des marques premium.
On le voit, la tâche de cette DS N°8 est loin d’être simple, et il n’est pas sûr que cette grosse auto serve de bouée de sauvetage à sa marque. Installer un constructeur au rayon premium est long et réclame non seulement de la patience, mais aussi suffisamment de trésorerie pour tenir tout ce temps sans gagner beaucoup d’argent. Stellantis s’en donnera-t-il les moyens ? Rien n’est moins sûr. D’autant que le premier supporter de DS, Carlos Tavares, n’est plus à la barre du navire.
Pour lire mon essai DS4 –> https://www.charlotteauvolant.net/essai-nouvelle-ds4-berline-premium/