L’ex-patron de l’Alliance attaque son ex employeur au tribunal pour avoir inventé des accusations à son égard et pour rétablir une injustice. La somme qu’il demande (1 milliard de dollars) ne serait qu’une « petite » compensation.

On se dit que les orages qui traversent le pays ont des retombées néfastes sur notre ciboulot. Ou que, comme il n’y a plus de saison ma bonne dame, le 1er avril tombe aujourd’hui. Mais non, on a beau vérifier, consulter l’AFP, Reuters, les médias sérieux et délaisser les réseaux sociaux : l’affaire semble bien réelle. Carlos Ghosn, l’ex-patron de Renault-Nissan, recherché par les polices japonaises, par Interpol et les pandores français, soupçonné, en vrac, d’évasion, d’abus de biens sociaux, d’abus de confiance, de blanchiment en bande organisée, de corruption passive et de quelques autres délits, porte plainte lui aussi.

L'ancien grand patron franco-libano-brésilien assure qu'il a été piégé dans un grand complot politico-économique fomenté par des cadres de Nissan. (Mohamed Azakir/Reuters)

Jusque-là, rien de bien extraordinaire. S’il s’est fait piqué sa Renault Mégane devant chez lui, à Beyrouth, rien de plus normal. Sauf que non. L’homme multi recherché, et qui ne peut pas quitter le Liban sans crainte de se faire cueillir, porte plainte contre Nissan, tout simplement. Le garçon reproche à son ex-employeur d’avoir « inventé des accusations à son égard au Japon, ce qui a entraîné son arrestation et les poursuites à mon encontre ». Pas moins. Quant à son évasion spectaculaire du japon en 2019, il était obligé d’en recourir à ce moyen, « pour échapper à l’injustice qui lui était faite ». Soit. Le procédé en lui-même est déjà gonflé, mais la somme réclamée en compensation de ces désagréments l’est encore plus, puisque Carlos Ghosn réclame 1 milliard de dollars au constructeur japonais. Ce dernier ne semble même pas au courant de la procédure lancée à son encontre, sauf qu’elle doit être examinée par la justice à Beyrouth dès le mois de septembre.

Carlos Ghosn n’exclut pas d’attaquer Renault dans la foulée

Les chances d’aboutir à un jugement positif pour le plaignant sont évidemment fort minces et l’on peut se demander quelle est la motivation de cette démarche. Peur de se faire oublier ? Sincérité paranoïaque ? Rien n’est exclu puisque le plaignant se la joue plutôt modeste et proclame que la somme qu’il réclame « n’est qu’une petite compensation par rapport à ce qu’ils m’ont fait subir ». Le plafonnement des prud’hommes français à 150 000 euros par recours parait petit joueur. A propos de France, l’ex patron n’exclut pas d’attaquer Renault dans la foulée, à qui il fait les mêmes griefs, mais il se concentre pour le moment sur Nissan. Suite du feuilleton dès le mois de septembre.