Le prix des voitures explose et les Français hésitent à les acheter. La preuve : l’âge moyen du parc automobile hexagonal est passé de 8 à 11 ans en quelques années. La politique des constructeurs qui consiste à vendre moins mais à vendre beaucoup plus cher a peut-être trouvé ses limites.

–       Tiens, t’as vu Sophie ?

–       Qu’est ce qui lui arrive ? Elle a rencontré le prince charmant ?

–       Pas du tout : mieux que ça : elle a changé de voiture. Elle en a acheté une toute neuve.

–       Faut dire que sa vieille Renault Megane était aussi ruinée que le Parthénon. Qu’est ce qu’elle a pris à la place ?

–       Tu sais, elle n’a aucune imagination et connait à peu près aussi bien les bagnoles que le Dalaï Lama, du coup elle a repris une Megane, mais la nouvelle. Et là, ça lui a fait tout bizarre.

–       Ben pourquoi donc ?

–       Car à part le nom, y a rien qui lui ressemble. La nouvelle est électrique, et surtout, elle coûte 8 000 balles de plus que son vieux tas de ferraille qu’elle avait déjà achetée neuve. Du coup, elle est complètement fauchée. Ca fait trois semaines qu’elle mange des pâtes au beurre et des patates à l’eau.

S’acheter une voiture : un luxe

Ce genre de scène est certes caricatural, sauf pour le prix de la Renault Megane 4 VS la 5 à la différence de prix rigoureusement exact. Mais elle est révélatrice d’un truc, d’un sentiment, et même plus, d’une pratique qui semble dépassée : acheter une voiture neuve, se faire ce plaisir, refourguer son auto au bout de trois ou quatre ans de vie (lorsqu’elle est encore honorablement côtée) pour s’en offrir une nouvelle, pas trop chère. C’est fini, terminé. L’âge moyen du parc des voitures françaises a pris un sacré coup de vieux. Il est aujourd’hui de 11 ans, alors qu’il ne dépassait qu’à peine les 8 ans en 2018. Chacun conserve son engin le plus longtemps possible, en le rafistolant comme il le peut, ce qui fait le bonheur des réparateurs et le malheur des concessionnaires qui ont vu leurs chiffres de ventes s’efffondrer l’an dernier. Mais il reste des heureux : les constructeurs. 

Prix des voitures : l’inflation

Mais comment donc ? Comment peuvent ils engranger des bénéfices (16,8 milliards d’euros pour Stellantis l’an passé) quand les ventes sont au ras des paquerêtes ? C’est simple, il suffit d’augmenter les prix pardi. Ils ont pris la grosse tête et affichent plus 30% en moyenne en deux ans. Bien sûr, les autos électriques coûtent cher à fabriquer à cause des batteries hors de prix, évidemment, l’inflation fait flamber tous les tarifs. Mais, petit rappel : cette dernière était de 5,2% l’an passé, loin de l’explosion du prix des autos. Que Stellantis et consorts gagnent de l’argent, c’est une bonne chose, pour Carlos Tavares, son patron et ses 23 millions de salaire annuel, mais aussi pour les salariés qui ont touché une prime. Mais il y a comme une limite à ce drôle de système, un coté branche sur laquelle ils sont assis qu’ils sont en train de scier. Car à force d’augmenter les prix, seuls quelques happy fews pourront s’offrir leurs belles autos. Et des Français capables de dépenser plus de 40 000 euros pour leur nouvelle voiture ne sont que 10% de la population. Une population rapidement servie. Les autres ? Ils risquent de ressortir leur vélo du garage désormais vide. Sauf s’ils acceptent de manger des pâtes et des patates.