Il fut un temps où l’ « automobilisme » était un sport olympique. En 1900, comme en 1936, des pilotes au volant de leurs voitures s’affrontaient sous la bannière aux cinq anneaux. Petite marche arrière et rappel historique.
Le sport auto aux JO ? Vous n’y pensez-pas. Par ces temps de réchauffement climatique et de refroidissement de la passion automobile, l’affaire serait un poil incongrue. Pourtant, certains y songent et verraient bien le karting électrique figurer aux jeux de Los Angeles en 2028, même si, pour le moment, les organisateurs font la fine bouche et regardent ailleurs.
Mais il n’en a pas toujours été ainsi. En 1900, lors de la deuxième édition de la version moderne initiée par Pierre de Coubertin, « l’automobilisme » comme on le désigne alors est bel et bien présent. En fait, c’était sous la forme de sport de démonstration, comme le hip-hop cette année, sans résultat dûment enregistré.
Des voiturettes jusqu’au camions
Mais surtout, c’est une belle pagaille autour du bois de Vincennes en cet été 1900 ou se déroulent les épreuves de vitesse. Pas moins de sept catégories sont engagées, des voitures légères jusqu’aux camions. En plus, un super marathon a lieu sur le chemin, car le bitume n’existe pas, qui relie Paris à Toulouse et que les autos doivent emprunter, sur route ouverte, il va sans dire, dans un sens et dans l’autre, entre le 23 et le 25 juillet.
1 347 km en trois jours représente en ce début du XXe un sacré exploit pour les 78 autos qui y participent. Seules 18 d’entre elles rallient l’arrivée et l’épreuve est remportée, au scratch, par Alfred Velghe sur une Mors. Mais l’histoire l’a oublié, lui comme son constructeur. En revanche, elle n’a pas oublié un certain Louis Renault, qui gagne la catégorie « voiturettes » et, en bon roi de la com, fait tout ce qu’il faut pour faire connaitre sa semi victoire. On connait la suite : Mors a disparu et les Clio remplissent les rues.
Est-ce la pagaille, les abandons ou la complication des catégories ? Toujours est-il que le sport auto disparait rapidement du catalogue des JO, jusqu’en 1936 à Berlin. Cette année-là, Hitler veut absolument mettre en avant son fleuron industriel aux jeux. Ses étoiles d’argent Mercedes sont sûres de s’imposer et il inscrit la discipline au catalogue de la grande fête olympique ou le Reich, qui doit durer 1 000 ans, doit briller de 1 000 feux. Allemands, Anglais et Italiens sont partants, car eux aussi veulent voir leur industrie nationale triompher.
L’Allemagne nazie humiliée
L’épreuve consiste à traverser l’Allemagne le plus rapidement possible, en empruntant notamment la première autoroute construite dans le pays, autre fierté nazi. Hélas pour Hitler, et bravo pour les alliés et pour la cause des femmes, c’est un équipage féminin qui pointe en tête du rallye. La pilote britannique Elizabeth Haig et de sa navigatrice Barbara Marshall bouclent l’épreuve en tête sur une Singer toute aussi anglaise qu’elles.
Une femme et une voiture ennemie devant les autos et les pilotes allemands ? C’est l’humiliation pour le Reich. Alors, plutôt que de respecter le protocole initial, et le tour d’honneur du vainqueur dans le stade olympique, la remise des prix se déroule en catimini, dans la banlieue de Berlin, très loin du faste nazi.
Cette belle histoire sera en tout cas la dernière pour le sport automobile aux JO et rapidement, le comité olympique inscrit dans son statut l’interdiction des « sports, disciplines ou épreuves dans lesquels les performances dépendent essentiellement d’une propulsion mécanique. » Mais cette loi disparait en 2007, car même si l’on peut se demander si l’ « automobilisme » est réellement un sport, aucun doute n’est permis sur les qualités des pilotes. Car il faut être un sportif de sacré haut niveau pour conduire de tels engins.