Et le César du meilleur film est attribué à… Timbuktu, d’Abderrahmane Sissako. Le public ne s’est pas rué en masse dans les salles obscures pour ce très beau film, mais les professionnels de la profession ont décidé malgré tout de lui attribuer l’ultime récompense au détriment de films qui ont cartonné au box-office, comme La famille Bélier. Les professionnels ont toujours raison. Débat clos.
Dans l’automobile, c’est la même chose. Alors que les Polo, Clio, Astra et autres 207 ont cartonné auprès des automobilistes européens, sans parler du segment en poupe des SUV, c’est la bonne berline des familles qui a été élue Voiture de l’année 2015. Là encore, les professionnels de la profession sont allés – volontairement ou non – à la non rencontre du public, de moins en moins séduit pas le segment des berlines. Mais je vous le répète, les spécialistes ont toujours raison. Débat clos.
Bien sûr, la Passat n’est pas dénuée de qualités…
Physiquement, elle est classique. Technologiquement, elle offre le dernier cri. Ecologiquement, elle épaterait même un Nicolas Hulot. Même si elle n’a rien d’original et si elle est clairement taillée pour les flottes d’entreprises, la nouvelle Volkswagen Passat, véritable référence européenne sur le segment des berlines familiales, a su tirer son épingle du jeu et attraper le titre de « Voiture de l’année 2015 » au Salon de Genève .
58 journalistes spécialisés (dont une femme maximum pour nous représenter, comme chaque année) ont attribué plus de points à la Volkswagen Passat qu’à la Citroën C4 Cactus ou la Mercedes C. En 2013, Volkswagen avait déjà gagné la palme avec sa Golf. En 2014, c’était la Peugeot 308 qui avait reçu la récompense. Le prix « voiture de l’année » assure-t-il le succès commercial d’une auto ? Pas sûr. Disons qu’il y participe, notamment en motivant les équipes en interne. La preuve avec la Nissan Leaf, voiture de l’année 2011, qui a fait un flop auprès du public, à l’instar de la Chevrolet Bolt en 2012. Quant à la Volkswagen Passat, ce n’est sans doute pas le grand public qu’elle vise. Avec ses 108 g/km avec le 2.0 TDI 150 et à moins de 100 g pour le TDI 120, ce sont les gestionnaires des flottes d’entreprise, clientèle qui représente 68 % des ventes du modèle actuel, qui se focaliseront sur les tarifs des deux finitions spécifiques : Trendline Business et Comfortline Business.
En choisissant une grande berline à coffre, on dirait que notre jury européen de la « Voiture de l’année » a la nostalgie de la Nationale 7 avec le cri des enfants à bord.
Au contraire de la voiture de l’année, les cesars, comme les Victores de la musique ou tous les trophées avec des jurys pros, ont tendance à couronner l’avant-garde. Des films et de la musique encore ignorés du public et qui le resteraient sans ces prix. Pour la voiture de l’année, c’est l’inverse. les jurés ont salué une voiture du bon vieux temps. prime à la ringardise automobile.
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