La France serait donc ce pays irréformable jusque dans son apprentissage du code de la route ? Un pays de l’absurdie où le réformateur (en l’occurrence le délégation inter-ministérielle à la sécurité routière) s’y prends de travers. Un pays, aussi, ou les réformés (les auto-écoles) y mettent de la mauvaise volonté.

80% d’échec au nouveau code de la route

Résumé des épisodes précédents. Au mois de février, et je vous en parlais ici (https://www.charlotteauvolant.net/nouveau-code-de-la-route/) le ministère prévenait tout le monde : de nouvelles questions allaient apparaître dans l’examen du code de la route et les officines d’auto-écoles ont un délai de trois mois pour s’y préparer. Des nouveautés axés sur les technologies embarquées et la bonne conduite à tenir en matière d’environnement, notamment. Évidemment, les syndicats d’auto-école ont immédiatement râlés, prétextant que 3 mois, c’était bien trop court pour se préparer. Résultat : en ce début mai ou le nouveau code est mis en place, les premiers résultats sont sans appel : au lieu des 70% de réussite habituellement constaté, le chiffre est tombé à 16,7%.

Panique au Ministère ou, en plein pont de l’Ascension, le délègue Emmanuel Barbe se fend d’un magistral rétropédalage. Les nouvelles questions sont provisoirement retirées de l’examen, pour être réintroduites ultérieurement en étant réécrites. En prime, tous ceux qui ont raté l’épreuve début mai pourront la repasser gratuitement.

Code de la route : zéro pointé pour tout le monde

Le provisoire durable étant une spécialité nationale, la nouvelle mouture du code risque de prendre un certain temps. Morale de l’histoire : à vouloir réformer trop vite, on se met à dos une profession (les auto-écoles) pas vraiment connue pour son modernisme exacerbé. Car en trois mois de délai, cette dernière n’a pas su préparer ses élèves, tout en ayant connaissance, ne serait-ce que par voie de presse, des nouveautés introduites. Une profession qui a cru bon d’attendre les directives officielles pour passer à l’action, ces dernières leur parvenant au mois d’avril.

De son côté, le ministère aurait pu prévoir cette mauvaise volonté et s’y adapter. C’est donc un zéro pointé que l’on peut attribuer à tout le monde et obliger les uns comme les autres à repasser le code des bons usages du service public et de l’intérêt général.

Ce ratage pose tout de même une question fondamentale : faut-il laisser aux mains de PME privées un examen d’Etat qui, pour la grande majorité de nos concitoyens est une absolue nécessité et, pour certains d’entre eux, le seul diplôme qu’ils obtiendront dans leur vie ? Un diplôme qui leur coûte, en moyenne, 1 500 euros.