Mardi 18 octobre 2022. Les premiers visiteurs se pressent à l’entrée du Mondial de l’automobile à la recherche de Porsche, Bentley, Volkswagen, Citroën, Lamborgini ou Ferrari sans les trouver. Sont-ils dans un hall à part, rien que pour eux ? Pas vraiment. Toutes ces marques, et tant d’autres sont tout simplement absentes du salon. En revanche, Byd, Great Wall, Geely, Wey et d’autres constructeurs chinois ont fait l’effort d’exposer leurs nouveautés à Paris. 


Du coup, le visiteur qui s’est fendu de 16 ou 20 autos, selon qu’il foule le plancher du Mondial en semaine ou le week-end, se dit, au mieux, que son argent est mal dépensé, et au pire, que les constructeurs traditionnels ont jeté l’éponge devant la déferlante asiatique. Les ventes des constructeurs chinois ont quasi doublées en un an et la prévision de basculement du marché dans la voiture électrique les conforte dans ce sens. Les batteries ? Ce sont eux qui les produisent. Les semi-conducteurs ? Aussi. Une marque peut se créer en Europe si la compétitivité est là. Ce que compte bien concrétiser BYD et les autres constructeurs de l’Empire du Milieu en posant leurs valises au Mondial de l’Automobile en octobre.

L’année dernière, 1,37 million de véhicules électrifiés ont été vendus en Chine, premier marché mondial de l’automobile qui désormais traversent les mers pour conquérir une nouvelle clientèle en Europe. 1,37 million : c’est un peu plus que le million écoulé en Europe. C’est donc par l’électrique, et en particulier grâce à la gamme très convoitée des SUV, que les constructeurs chinois lancent leur offensive sur le Vieux Continent. Ils peuvent ainsi se démarquer des SUV thermiques, entichés d’une image de véhicules polluants et profiter du fait que les constructeurs européens proposent encore assez peu de SUV électriques.

Un tiers du top 10 mondial

Après SAIC et Geely, BYD pourrait intégrer à moyen terme le Top 10 mondial des ventes. La conséquence directe serait que 3 des 10 groupes mondiaux seraient chinois. Avec SAIC (plus de 5 millions de véhicules écoulés en 2021), Geely (propriétaire Volvo, Lotus, Lync&Co), et BYD (Build Your Dreams), deuxième constructeur mondial de voitures électriques, le grand remplacement est en marche. En Europe, l’offensive de BYD prend forme. Après avoir démarré avec les bus électriques, le constructeur chinois a noué un partenariat avec un gros importateur néerlandais pour vendre ses hybrides et électriques. Un premier pas vers une implantation plus massive.

Un appel d’air pour les Chinois

Volkswagen Polo, Audi A1 et Q2, certains membres de la famille « A » chez Mercedes, autant de modèles qui vont disparaître parce qu’ils seront impossibles à rentabiliser suffisamment en électrique. Des trous laissés qui font un véritable appel d’air pour les Chinois qui s’y engouffrent volontiers. Au fur et à mesure que le marché vire vers le zéro émission, les quatre principaux constructeurs chinois (SAIC, Great Wall, Chang’An et Geely) réalisent des parts de marchés de plus en plus importantes en Europe. L’Empire du milieu devrait ainsi arriver à un million de véhicules électriques vendus en Europe en 2025.

Des modèles moins onéreux

Hors bonus, le ZS, le SUV compact de MG, débute à 30.990 euros quand le tricolore Peugeot e-2008 voit son premier prix à 37.200 euros. Le VW ID.4, certes un peu plus gros, démarre quant à lui à 43.000 euros. Excepté la Dacia Spring, (produite en Chine par Renault), il existe peu de modèles abordables chez les généralistes occidentaux. Les constructeurs chinois ont donc une place à prendre en Europe, notamment pour vendre la seconde auto du foyer. Le tout avec des performances en matière d’autonomie ou de temps de recharge qui se rapprochent des modèles français ou allemands.

Des stations de recharge choinoises hyper puissantes

Outre le nombre de bornes de recharge qui ne cesse de progresser, leurs technologies évoluent aussi et elles arriveront aussi un jour en Europe. Au total, plus de deux millions de bornes, privées et publiques, ont été installées en Chine. En Europe, le géant asiatique fait aussi la course en tête dans le déploiement des bornes de recharges pour véhicules électriques. Une puissance de recharge à 500 kW arrivera bientôt en Chine quand les meilleures Tesla vont jusqu’à 250 kW et 270 kW pour le Porsche Taycan. Le chinois XPeng, avec son SUV G9 récemment dévoilé, annonce une puissance de charge allant jusqu’à 480 kW. De quoi passer de 10 à 80 % en 12 minutes seulement.

Que reste-t-il aux constructeurs européens ? Leur notoriété auprès du grand public. Et leur immense réseau de concessionnaires. Même si avec des modèles à la Tesla qui ne requiert pas de concessions et dont l’entretien est quasi inexistant, cet argument est de moins en moins valable…