Honda-Nissan : une fusion nécessaire pour survivre à la révolution électrique face à la déferlante chinoise ?
Le paysage de l’automobile nippon pourrait bientôt être secoué. Honda et Nissan, deux géants japonais, envisagent une fusion qui marquerait un tournant stratégique majeur dans leur histoire. Déjà associés dans un « partenariat stratégique », les deux constructeurs entament des discussions pour unir leurs forces sous une société holding commune.
Objectif : rivaliser avec Tesla, BYD, et les autres mastodontes du marché de l’électrique. Décryptage.
L’électrique ou la panne sèche : il faut choisir
Les ambitions affichées par Honda et Nissan ne laissent pas de place au doute : la révolution électrique est au cœur de cette alliance. Avec des parts de marché en baisse, notamment en Chine où les ventes de Nissan ont chuté de 13 % au dernier trimestre, les deux entreprises cherchent à redresser la barre face à des rivaux agressifs et technologiquement avancés.Les deux groupes prévoient de mutualiser leurs efforts dans le développement de plates-formes logicielles, de composants pour véhicules électrifiés et d’autres domaines technologiques. Honda, par exemple, a annoncé un investissement colossal de 65 milliards de dollars d’ici 2030 pour accélérer sa transition électrique, avec pour ambition de vendre uniquement des véhicules électriques d’ici 2040. Nissan, de son côté, prévoit de lancer 16 nouveaux modèles électrifiés dans les trois prochaines années.
Quand deux pour le prix d’un devient un pari risqué
Une réponse à la concurrence chinoise : La domination croissante des constructeurs chinois comme BYD sur le marché mondial de l’électrique pousse les groupes japonais à réagir. Nissan et Honda cherchent à combler leur retard en matière de technologies électriques, un domaine où ils ont été dépassés après avoir misé sur les hybrides, très populaires au Japon mais moins demandés à l’international.
Des économies d’échelle nécessaires : Une fusion permettrait aux deux groupes de réduire les coûts liés à la recherche, au développement et à la production, tout en optimisant leur chaîne d’approvisionnement.
Une présence renforcée en Chine et en Europe : Le marché chinois, bien que difficile, reste incontournable. L’alliance stratégique pourrait leur permettre de reconquérir des parts de marché dans cette région clé tout en renforçant leur position en Europe, où l’électrique prend de plus en plus d’ampleur.
Mitsubishi : le troisième larron ?
Outre Honda et Nissan, Mitsubishi pourrait rejoindre cette holding. Bien que son rôle reste secondaire pour l’instant, la présence de Mitsubishi, dont Nissan est le principal actionnaire, renforcerait encore davantage l’entité combinée, créant ainsi l’un des plus grands groupes automobiles au monde.
Les trois constructeurs estiment que c’est la conduite autonome, l’IA et la connectivité qui détermineront à l’avenir la valeur des véhicules et sera une source de compétitivité.
Une fusion, oui, mais gare au crash !
Cependant, cette fusion n’est pas sans risques. Plusieurs obstacles pourraient freiner sa réussite :
Un contexte économique fragile : Nissan est encore en pleine restructuration après avoir annoncé la suppression de 9 000 postes et des fermetures d’usines.
Des différences culturelles et stratégiques : Même si les deux groupes partagent un passé de collaborations, leurs visions respectives de l’électrification et des priorités commerciales devront être harmonisées.
Une rivalité féroce : Tesla, BYD, et même des acteurs européens comme Volkswagen continuent de dominer le marché, et rattraper leur avance technologique sera une tâche herculéenne.
Bourse de Tokyo : entre sueurs froides et montagnes russes
L’annonce des pourparlers a déjà secoué la Bourse de Tokyo. Le titre de Nissan a bondi de 24 %, tandis que Mitsubishi a grimpé de 14 %. En revanche, Honda a reculé de 1,67 %, reflétant l’incertitude entourant cette fusion. Si elle se concrétise, cette union pourrait redessiner le paysage mondial de l’automobile en créant un nouveau poids lourd capable de concurrencer les leaders actuels.
Honda-Nissan :une alliance pour sortir de la panne ?
La fusion entre Honda et Nissan représente une opportunité unique de tirer parti de leurs forces respectives pour rattraper leur retard sur le marché de l’électrique. Toutefois, les défis structurels, financiers et stratégiques ne manquent pas. Si cette alliance réussit, elle pourrait non seulement redonner un souffle à Nissan, en difficulté, mais aussi permettre au Japon de regagner sa place de leader dans l’industrie automobile mondiale. Une bataille stratégique à suivre de près.
