Ce n’est pas un hommage à la fille de Carla Bruni et Nicolas Sarkozy. Mais Giulia est le joli nom de la nouvelle Alfa Romeo dévoilée jeudi. Évidemment, les faire parts de naissance d’une voiture, il y en a tout le temps. De ceux qui annoncent l’avènement de petites nerveuses et de grandes qui le sont moins, de superflues ou d’indispensables. Mais la révélation d’une nouvelle Alfa, près d’un an avant sa commercialisation, a une autre saveur. Car la marque milanaise a toujours trimbalé une aura particulière, depuis 105 ans qu’elle existe, et surtout, depuis près de 70 ans qu’elle a commencé à creuser son sillon particulier : offrir (ou presque) à ses clients des voitures au goût sportif, sans le prix très sportif des autres italiennes, qu’elles soient de Modène et siglées Maserati, de Maranello estampillées Ferrari, ou de Bologne et signées Lamborghini. Moins puissantes qu’elles, bien sûr, les Alfa des années 60 à 90, dont la première Giulia, n’en trimbalaient pas moins le mythe de l’Italie elles aussi. Pas toujours jolies, les Alfetta, les Giulietta, les GTV, les Alfasud, les 146, les 164 ou les Spyder. Pas forcément très solides non plus. Mais on leur a toujours tout pardonné. Car s’installer à bord, permettait de s’offrir un passeport. Un simple coup d’accélérateur et elle nous propulsait de Saint Ouen en Seine Saint Denis vers San Gemignano en Toscane. Des immeubles gris aux maisons terre de Sienne. Mais le passeport a expiré. Alfa s’est essoufflé, car trop mélangé. A force de piquer des moteurs et des châssis à sa maman Fiat, la magie s’en est allée. L’an passé, moins de 70 000 Alfa se sont vendues. Une paille. Un faire part de décès pour un constructeur, ou presque.
Mais voilà qu’elle renaît sous la forme d’une Giulia, lancée en grande pompe à Arese, la grande usine milanaise de la grande époque, qui n’est plus qu’un musée. Qu’elle soit belle ou pas, n’est pas la question. Mais cette nouvelle Alfa n’est plus vraiment une Alfa. Car ses patrons l’ont décidé : la petite italienne doit devenir une grande Allemande. Elle doit désormais se mesurer à Audi, Mercedes et BMW. Fini les sportives capricieuses mais pas trop chères, faut du luxe, du costaud, de la finition impec, du dessin passe-muraille et du portefeuille garni. Mais nous, à Saint Ouen, à bord de la nouvelle Giulia, a t-on vraiment envie d’être téléporté vers les quartiers chics de Munich ou Berlin, plutôt que vers une jolie campagne d’Emilie Romagne ?