« Simone de Beauvoir et l’amant américain » se joue actuellement au théâtre du Gymnase Marie Bell à Paris. C’est une pièce de théâtre que j’ai écrite en découvrant le grand écrivain américain Nelson Algren à l’écriture coup de poings et dont je suis tombée à mon tour (artistiquement) amoureuse… grâce à Simone de Beauvoir dont j’ai lu la Correspondance publiée chez Gallimard (dont j’ai obtenu les Droits) et qui a aimé cet homme pendant 17 ans.
Les agents américains n’ayant jamais autorisé la publication des lettres de Nelson Algren, j’ai donc imaginé tout ce qu’il pouvait vivre, ressentir. J’ai infiltré son coeur, son âme, afin d’écrire cette pièce de théâtre aux critiques dithyrambiques afin de donner vie à cette passion amoureuse où l’auteure de l’essai du Deuxième Sexe découvre pour la première fois le plaisir et le Désir !
Pour mon blog CharlotteAuVolant, j’ai imaginé les voitures dans lesquelles pouvaient rouler Simone de Beauvoir et Nelson Algren. Anecdote étonnante : le jeudi 14 octobre 1965, Simone de Beauvoir, revenant de Milan et rentrant à Paris, perd le contrôle de son automobile et percute un camion de plein fouet à Joigny, dans l’Yonne (89), ma région natale. L’Yonne républicaine, publiera d’ailleurs deux articles les 15 et 16 octobre 1965 à ce sujet.

Je vous livre ci-dessous ma fantaisie du jour dans laquelle je mets en scène Simone de Beauvoir et Nelson Algren au volant d’une automobile. Chacun leur pays. Chacun leur voiture !
Voiture : Nelson Algren au volant d’une Buick Special cabriolet
Quand Nelson Algren quitte son appartement du quartier latino de Chicago ce matin là, il est pressé. « Simone arrive demain, comment l’accueillir correctement ? » se demande-t-il. Après tout, le grand écrivain américain Prix Pulitzer, vit en Amérique, au pays de la bagnole, à seulement 280 miles de Detroit, le temple automobile US. Une grosse distance ? Une paille par ici, où l’on passe sa vie sur la route en souvenir, peut-être, des pionniers et de leurs chariots bâchés.

« Il me faut une auto » se répète l’écrivain, un poil désargenté, comme tous les écrivains. « Je vais louer une Buick Special cabriolet, c’est à la mode, ça va l’épater ». Aussitôt dit, presque aussitôt fait. Nelson Algren s’offre la découvrable, pour une petite semaine et une poignée de dollars qui vide ce qui lui reste de compte en banque.

Le lendemain, lui et son cabriolet se garent devant la gare de Union Station. Il fait les 100 pas dans le hall, attendant l’express de New-York. Il n’a jamais vu Simone de Beauvoir. Enfin si, il l’a tellement vu en photo qu’il ne pourra pas se tromper quand elle descendra du train.

La voilà. Nelson Algren se précipite vers Simone de Beauvoir, la salue poliment en réprimant son embarras. C’est peut-être dans ce hall de gare, à cet instant précis qu’il est tombé définitivement amoureux de Simone de Beauvoir. Il n’en laisse rien paraître et s’empare de sa valise en cuir. « Je suis garé juste devant la gare ». C’est à peu près la seule chose qu’il est capable d’articuler. Elle le suit, amusée.

Nelson Algren jette la malle sur le siège arrière et lui ouvre la portière passager. « En voiture Simone !« . Il a osé.

« Vous êtes galant, vous les Américains, mais vous avez des voitures beaucoup trop grandes », lâche Simone . Nelson saisit la balle et le sujet de conversation au bond. « En quoi roulez-vous donc ma chère, à Paris ? »
Simone de Beauvoir fascinée par la Facel Vega
Simone de Beauvoir hausse les épaules. « Ni moi, ni Sartre n’avons notre permis. Du coup, on emprunte souvent des taxis Peugeot 203, qui sont franchement plus moches que votre Buick ». Elle s’arrête, intriguée, pour observer Nelson. « Mais dites moi, je ne vous vois pas passer les vitesses. C’est de la magie ? Vous voulez m’épater ? ». Il éclate de rire. « Mais non, voyons, cette voiture, comme de nombreuses américaines, a une boite automatique, à trois vitesses. C’est pratique. Vous verrez, vous y viendrez aussi en Europe, dès que vous aurez rattrapé votre retard mécanique ».

Simone feint d’être vexée « Retard mécanique ? Ca se voit que vous n’avez jamais vu une Facel Vega bien française ! C’est une auto de sport, avec un V8 comme chez vous. Elle vient de sortir et elle est signée Jean Daninos, le frère de Pierre, l’écrivain. C’est une auto tellement littéraire que Michel Gallimard l’éditeur en a acheté une. Sa beauté est à peu près la seule chose qui puisse m’inciter à passer mon permis. »

Nelson saisi ce qu’il prend pour une invitation « J’ai hâte de voir ça. Et en attendant que vous me conduisiez dans les rues de Paris en Facel, je vais vous faire visiter Chicago en Buick. Ensuite nous déjeunerons rapidement au Wimpy, et toujours en voiture nous irons au cinéma, au drive in. On y regarde le film depuis le siège de la voiture. »
Simone est perplexe. « Soit, promenons-nous, mangeons, et allons au cinéma automobile. Au Drive-in comme vous dites. Mais dites-moi, pour embrasser les jeunes filles et les moins jeunes, vous restez aussi en voiture ? » Nelson rougit comme une pivoine. Il allume l’autoradio pour faire diversion et on entend Sinatra entonner « When your lover has gone ». « Alors qu’elle est à peine arrivée » s’amuse Simone.

Simone de Beauvoir et l’amant américain au théâtre

Quand Simone de Beauvoir tombe folle amoureuse de Nelson Algren, écrivain américain Prix Pulitzer…
Une liaison entre Paris et Chicago où Simone de Beauvoir découvre le plaisir et l’amour incandescent.
Une pièce inédite où la dramaturge, passionnée d’automobile, Anne-Charlotte Laugier imagine les mots de « l’amant américain ». La journaliste, blogueuse, romancière et comédienne, fait revivre un amour passionnel et sensuel, sur lequel plane l’ombre de Sartre…
Avec le comédien Malcolm Conrath dans le rôle de Nelson Algren.
Bande annonce à venir…

A découvrir au théâtre du Gymnase du 1er octobre au 5 novembre 2025

Réservations sur Billetreduc




