CharlotteAuVolant revient sur l’année automobile 2021
Au top : la déferlante coréenne
Les chiffres sont épouvantables, sauf pour lui. Lui, c’est le groupe Hyundai-Kia qui affiche des scores de ventes impressionnants en 2021 alors que le marché global chute de 25,1% par rapport à 2019, puisqu’il est inutile d’établir une comparaison avec 2020, annus horribilis et pandémique s’il en est. On connaît les raisons de cette baisse : le manque de disponibilités des voitures neuves en raison de la pénurie de semi-conducteurs. Sauf que, si l’ensemble des marques occidentales s’écroulent (Renault voit ses ventes baisser de 33,9%, Citroën de 31,2% et Opel de 44%), au pays du matin calme on est serein. Hyundai est en hausse de 13,2% et Kia ne baisse que d’un tout petit 1,9%.

Il y a bien sentendu une raison évidente à ce succès effronté. Les semi-conducteurs sont frabriqués en Asie, et plus précisément en Chine et en Corée. Etre au plus près de la source favorise évidemment les approvisionnements. Résultat : les antennes européennes des marques locales n’ont pas besoin d’annoncer à leurs clients des délais de livraison d’un an, ce qui reste le meilleur moyen de les faire fuire. Leurs autos sont disponibles et ça change tout.
Mais il y a une autre raison à ce succès. Car le consommateur n’est pas stupide. On ne peut pas lui vendre de vessies en lieu et place de lanternes. S’il se tourne vers les marques coréennes, c’est tout simplement parce qu’il retrouve derrière les logos Kia et Hyundai le tryptique tant recherché : la fiabilité, le design et le rapport équipement-prix. Les progrès en matière de style et de qualité de fabrication ont fait un bond impressionnant en 10 ans et pour lever le doute sur la fiabilité des engins, les Hyundai sont garanties cinq et les Kia atteignent 7 ans, contre deux, ou trois maximum chez tous les concurrents. Quant aux nouveautés, elles ont déferlées ces deux dernières années, en matière d’autos thermiques comme électriques. Les nouvelles Hyundai Ioniq 5, comme sa cousine Kia EV6 sont aujourd’hui les seules autos à watts à tenir leur rang face au ras de marée Tesla. Leur efficience, leur style et leur tarif équilibré sont la première raison de leur carton, bien avant leur disponibilité. Finalement, tous les constructeurs ne sortent pas perdants après deux ans de pandémie.
Le flop : Jaguar-Land Rover subit une double peine
Rien ne va plus sur les terres de la perfide Albion. Engluées dans leurs problèmes de qualité et plongées dans la crise des semi-conducteurs, les deux marques anglaises historiques sont à la peine. Et pourtant, ces entités rassemblées au sein du groupe indien Tata ont tout tenté, en commençant par une refonte de la motorisation des gammes qui se sont enfin tournées vers l’hybride, même si la décision est arrivée un peu trop tard.
Du côté de Land Rover, le Defender a, enfin, trouvé un successeur en 2020 et chez Jaguar, la multiplication de SUV (e-Pace, I-Pace, F-Pace) aurait pu produire son petit effet sur un constructeur aux ventes en bernes car spécialisé dans les grandes berlines et les coupés depuis des décennies. Mais rien n’y a fait, les soucis de qualité ont eu raison de la belle relance du dernier constructeur britannique.

L’été dernier, Thierry Bolloré, transfuge de Renault et PDG des deux marques s’en est alarmé en reconnaissant que ces soucis ont fait perdre 100 000 ventes par an aux deux marques. Si l’on y ajoute la crise des micro-processeurs qui affecte tous les constructeurs, on est pas loin de l’accident industriel. Alors Jaguar-Land Rover a décidé d’user des grands moyens : aucune nouveauté ne sortira de ses usines avant 2025, le temps de concevoir une gamme entièrement électrique, le temps aussi d’en finir avec la pénurie de composants électroniques et le temps, enfin, de venir à bout des problèmes de qualité. En attendant, le réseau doit tenir bon en distribuant tant bien que mal les modèles actuels.