La nouvelle marque Vinfast va débarquer en Europe à la rentrée avec deux SUV électriques. Mais contrairement aux constructeurs qui fleurissent ces temps-ci, le vietnamien entend bien user de ses très gros moyens pour s’imposer sur le vieux continent et aux Etats-Unis. Un débarquement que les constructeurs confortablement installés doivent scruter de près.

La nouvelle marque auto Vinfast
Vinfast. Une nouvelle marque de plus qui se jette dans le grand bain de l’automobile. Depuis que la bascule vers l’électrique totale est avérée, il ne se passe pas un jour, ou presque, sans que, venues des États-Unis (Lucid, Rivian), de Chine (Byd, MG, etc) ou d’ailleurs, fleurissent de nouvelles autos prètes à déferler vers l’Europe et le monde. C’est tentant pour une start-up de tenter de récupérer une part du gâteau planétaire. En plus, créer et fabriquer une voiture électrique coûte bien moins cher qu’une bonne vieille thermique à papa.
Vingroup : le plus puissant groupe privé du Vietnam
Alors, quand une nouvelle marque vietnamienne se crée, et entend débarquer en Europe avant la fin de l’année, on fait la fine bouche en mode « cause toujours ». Sauf que ce constructeur n’a rien d’une start-up peuplée de hipsters barbus. Il s’agit de la nouvelle filiale automobile du plus puissant groupe privé du pays, forte de 70 000 salariés et de 14 milliards de chiffre d’affaires annuels, engrangés grâce à ses activités dans la téléphonie, l’électronique, l’immobilier, les loisirs, l’éducation, l’hotellerie, le médical et on en oublie. Et quand monsieur Vuong, son patron et l’homme le plus riche du pays qui pèse 9 milliards de dollars à lui tout seul, décide d’investir un nouveau secteur, il ne fait pas les choses à moitié.

Il a commencé par débaucher des cadres dirigeants chez Tesla, BMW, Opel et Nissan, par commander des dessins de ses autos à Pininfarina et par construire une usine flambant neuve. Coût de cette unité de production : 4,5 milliards. Mais monsieur Vuong n’aime pas dépendre des autres, et surtout pas des Chinois, pour lui vendre des batteries, comme le font la très grande majorité des autres constructeurs. On n’est jamais aussi bien servi par soi-même, alors à côté de son usine capable de sortir 900 000 autos par an, il a tout simplement construit une usine de batteries.

Son objectif est clair : ses voitures sont destinées à être vendues aux Etats-Unis et en Europe. Comment ? En déboursant quelques milliards de plus pardi, et en implantant une deuxième usine en Caroline du Nord qui est en train de sortir de terre. Monsieur Wuong veut faire de même en Europe et se cherche quelques milliers d’hectares de friche pour l’implanter. Mais pour vendre des voitures, il faut des garages. Mais Vinfast ne veut pas s’encombrer avec des concessionnaires indépendants, une pratique traditionnelle dans la profession. Les stores, comme on dit, lui appartiennent en propre. Il en a déjà 8 en France, compte en ouvrir 25 dans l’hexagone en tout et cinquante en Europe. Le personnel ? Les vendeurs, les mécanos ? Il les recrute et compte embaucher 400 personnes en France d’ici un an.
Vinfast VF8 : un grand SUV électrique

Évidemment, pour que cet écosystème plutôt coûteux fonctionne et soit rentable, il faut vendre des voitures et persuader les clients qu’elles méritent le détour. Et comment sont-elles ces Vinfast ? La première à débouler sur le continent, c’est la VF8, un grand SUV comme il se doit, de 4,80m, peu ou prou le même gabarit qu’une tout aussi eléctrique BMW IX3 ou une Audi Q4 e-tron. Cette grande machine dispose de 2 moteurs au choix, 350 ou 408 ch, équipée de deux batteries au choix aussi, jaugeant respectivement 82 et 87 kWh. De quoi parcourir entre 420 et 480 km. Ultra équipée avec un système d’autonomie de niveau 2 très abouti, la VF8 dispose d’un énorme écran central de 15,6 pouces ultra fluide disposé de manière horizontal. Il regroupe toutes les commandes et aucun autre bouton, à part ceux du volant, ne vient gèner la vision de la planche de bord ultra-zen.
Sur la route, l’engin, même s’il dépasse les deux tonnes, n’a aucun mal à effectuer un 0/100 km en 5,5 secondes, dans un confort assez étonnant, même si ses suspensions disposent d’un règlage plutôt souple, à l’américaine, puisque les Yankees sont fans des amortissements moelleux.
Vinfast VF9 et VF7 à l’abordage
Evidemment, ce VF8 ne risque pas de renverser la table des meilleures ventes en France. Mais outre le VF9 encore plus grand et plus puissant qui arrive en fin d’année, Vinfast prépare le terrain pour sa véritable arrivée en Europe l’année prochaine avec un plus petit SUV, le VF7 qui viendra concurrencer la Renault Megane électrique sur ses propres terres. Une Mégane qui a déjà enregistré 20 000 commandes en l’espace de trois mois.
Vinfast : une garantie de 10 ans !
Le prix des Vinfast doit aussi être un argument majeur pour attirer les clients. Le seul tarif connu pour le moment, celui de la VF8, oscille entre à 43 050 et 58 700 euros, soit un prix largement inférieur aux modèles allemands auxquels il se compare. Des allemands qui offrent des garanties de 3 ans, alors que Vinfast, là non plus n’hésite pas à bousculer le marché, en garantissant toutes ses autos dix ans, tout simplement.