On ne les imagine même pas dans une autre livrée. C’est une seconde nature. Comme le vernis rouge du voisin Ferrari, la couleur pourpre constitue l’âme du constructeur italien. Chaudement latin et hautement passionnel, le rouge Alfa se teinte de la dimension chaleureuse et sentimentale de l’Italie. Une couleur que nos rétines associent forcément à la bella machina, mais dont les origines sont plus nationalistes que chromatiques.
Au début du XXème siècle, au-delà de leur marque, les pilotes couraient pour leur pays. Comme le premier sport collectif venu, la course auto était une sérieuse affaire de rivalité entre pays européens. Chaque dimanche, jusqu’au deuxième conflit mondial, les vertes anglaises se battaient contre les bleues françaises, les blanches, puis grises allemandes et les rouges transalpines.
Le rosso corsa (rouge de course) passant plus souvent que les autres en tête sous le drapeau à damier, les Italiens s’attachèrent naturellement à cette couleur fétiche qui ornait les Ferrari, Maserati et autres Alfa Romeo. Et la tradition s’est perpétuée bien après guerre. Seulement aux intérêts nationaux se sont succédé les intérêts économiques des différents constructeurs. Pas question pour autant d’abandonner la couleur victorieuse. Mais il bien a fallu se démarquer des rivales. Pour Maserati et Lancia, partis petit à petit vers d’autres sentiers que ceux d’une piste de course, l’abandon du rouge ne fut pas trop douloureux. Certes leur rouge restait au catalogue, mais sans plus d’inspiration.
En revanche, le sport auto étant dans l’ADN de Ferrari la Maranellienne et de la milanaise Alfa Romeo, pas question d’en finir avec le rosso corsa . Alors chacun a nuancé le sien, chacun a démarqué son carmin de celui du copain. Et au fil du temps, celui des Alfa a évolué. D’une teinte légèrement orangée dans les années 60, une couleur déterminée par le couturier de l’automobile transalpin Pininfarina, il s’est encore transformé quatre décennies plus tard. Par le biais d’un bien curieux échange.
Lorsque les Ferrari ont arborées un carmin aux teintes légèrement claires, Alfa s’en est allé chercher un rouge plus sombre. Il l’a inauguré sur l’une des plus belles carrosseries que la maison n’a jamais produite : la 8C Competizione en 2003. L’auto, aussi rare et chère soit elle, a engendrée de nombreuses petites Alfa de la même couleur, jusqu’aux Giulietta et 4C d’aujourd’hui. Mais les goûts et les couleurs ont évolué. Le blanc a supplanté le rouge dans les ventes du Milanais depuis 5 ans.
Mais que sa carrosserie soit bleue de Chine, noire d’ébène ou vert laitue, le cœur d’une Alfa sera toujours rosso corsa.
Désolé, le rouge ne va pas avec la couleur de mes yeux !
En me regardant dans le blanc des yeux, ça pourrait faire bleu blanc rouge
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