Pour s’en aller essayer des coupés sportifs, y a du monde. Mais dès qu’il s’agit d’ausculter un SUV familial , y a plus personne. « Merci Anne-Charlotte, je savais que je pouvais compter sur toi », me susurre le chef, plus mielleux qu’un apiculteur en me tendant les clés du nouveau Peugeot 5008. « C’est mieux que la parité, juge-t-il nécessaire de rajouter : les garçons sont partis tester des 2 places, et je t’ai réservé une 7 places. Les grandes autos pour les grandes filles ». 

Je ne sais pas si c’est mon féminisme tempéré, ou mon sens de la hiérarchie qui a empêché le déclenchement d’un crêpage de chignon. En tous cas, l’un comme l’autre n’ont pu m’éviter un claquement de porte qui a résonné jusqu’à la mer du Nord. C’est donc très légèrement tendue que je pars à la rencontre du vaisseau français. Et dès que je le vois, de face, mon énervement redouble et je hurle On m’a refilé un 3008 ! Car le 5008 n’est qu’une version break du 3008 et l’avant des deux autos est strictement identique. Pas que l’avant d’ailleurs. L’intérieur et la mécanique sont eux aussi similaire. En fait tout se joue dans la longueur. 19cm sépare le petit crossover de son grand frère. Qui est aussi un poil plus lourd et se voit affligé d’un profil arrière un rien hideux et carré. C’est qu’il faut bien caser la troisième rangée de sièges et les bambins qui sont censés y voyager. De l’embonpoint, de la longueur en plus : on me la fait pas à moi. On aura beau m’expliquer que c’est kif kif bourricot, que le 5008 est scotché par terre comme le 3008, je n’en crois rien. Et m’en vais le prouver. Contact, démarrage, accélération, virage. Zut, mon flair m’a menti. La longue auto de 4,64m ne bronche pas, ne bouge pas, reste sur ses rails. Comme sa petite frangine. De la sorcellerie ? Juste un gros boulot d’ingénieurs, un rien sorciers il est vrai. Au lieu de reprendre bêtement l’empattement du petit SUV et de rallonger le porte à faux arrière, ils ont écartés les roues, les malins. Elles sont rejetées au quatre coins et le 5008 a les mêmes réactions que le 3008. Sont forts les gars du Lion. Ils ont d’ailleurs minimisé la prise de poids au maximum pour les mêmes raisons. Les deux sièges de la troisième rangée, livrés de série, pèsent 11 kg seulement. Faciles à enlever, ils sont tout aussi faciles à remettre en place. Même moi j’y arrive, et les porte comme un sac à mains quand je n’ai pas besoin d’embarquer les c les copains des bambins. Il n’y a vraiment que le poids des enfants assis sur ces strapontins que les ingénieurs ne peuvent pas maîtriser. En tous cas, même s’ils ont abusé du Nutella, ils tiendront à l’aise. Et, futé, la place restante pour leurs victuailles dans le coffre est comptée. Ce qui m’arrange, car si le coffre eût été plus grand en version 7 places, les parents des copains (qui nourrissent si mal leurs rejetons) en auraient profité pour me les refiler tout l’été. Reste qu’à cinq, la malle est gigantesque.

5008
Aux places arrière, les enfants, même s’ils ont abusé du Nutella, tiendront à l’aise…

Je vous l’ai déjà dit, si vous suivez, ce 5008 a le mêmes réactions que la voiture dont elle s’inspire. Du coup, les Peugeot boys ont cru bon de conserver les mêmes moteurs que celle-ci. Et ils sont une tripotée. Pas moins de 6, dont deux essence et pas moins de quatre diesels. Pourquoi tant de mazout ? Parce que pour déplacer un tel bestiau, même les ligues de vertu y trouveraient à redire en voyant la note de sans plomb. Alors qu’avec la version diesel de 150ch, il faut vraiment sortir la grosse attaque Sebastienloebesque pour dépasser les 8l/100km. On jetera quand même un voile de pudeur sur les versions mazout de 100 et 120ch vraiment trop légères pour cette armoire normande de 1,5 tonnes : elles ne sont là que pour afficher des prix canons sur les panneaux publicitaires.

Finalement, ce 5008 m’a réconciliée avec les SUV familiaux. Mais comme il faut bien lui trouver des défauts, outre son arrière au profil mochouille, je lui collerais deux heures de colle pour son i-cockpit dont tout le monde raffole, sauf moi. Quand on aime conduire avec le volant à la hauteur des yeux, on ne voit plus les compteurs. C’est ballot. Un tout petit grief dans un ensemble parfait. Tout le contraire du chef. Je vous ai déjà parlé de mon chef ?

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