Renault et PSA font partie des rares constructeurs généralistes à proposer des voitures 100% électriques dans leur catalogue. Les autres « grands » constructeurs ne se sont pas pleinement engagés sur ce segment et ont préféré, avec plus ou moins d’entrain, proposer des solutions hybrides.
Parmi les moins enthousiastes, les constructeurs allemands n’ont pas été leader en ce domaine. Sans doute ont-ils pris du recul face aux succès commerciaux mitigés des Toyota et Lexus à leur début. Ou ont-ils été visionnaires en pensant que la technologie n’était pas encore suffisamment aboutie pour offrir une véritable alternative au moteur thermique.
Ce sont donc deux stratégies opposées qui ont été suivies : miser sur l’électrique ou jouer la carte de la prudence en proposant au mieux une alternative hybride.
Difficile tout de même de blâmer totalement nos constructeurs français, surtout Renault d’ailleurs, qui ont tenté d’innover dans les motorisations électriques. Mais stratégiquement, fallait-il vraiment se jeter à corps perdu dans ce nouveau type de mobilité ?
Je dis « nouveau » mais la voiture électrique a plus d’un siècle ! Un siècle de recherche pour gagner quelques kilomètres d’autonomie et avoir la satisfaction d’être allé faire ses courses sans bruit et sans pollution apparente.

Dernièrement, la presse s’extasiait devant l’explosion des ventes de voitures électriques ; imaginez, +50% sur les six premiers mois de l’année par rapport à la même période un an plus tôt et même +138% en avril par rapport au mois précédent… Mais les données sont si peu précises que les chiffres d’avril masquent sans doute une commande publique « importante » de Zoe ou autre Kangoo ZE de La Poste ou autres administrations (la Zoe d’Arnaud Montebourg dort dans les sous-sols de Bercy). Parce qu’il faut voir la réalité en face, le marché de la voiture électrique (à peine plus de 3 000 voitures depuis le début de l’année –non, non, je n’ai pas oublié de zéro, c’est bien 3 000, soit moins d’1% du marché automobile) n’existe que grâce au soutien des pouvoirs publics et ce depuis des dizaines d’années. Vous souvenez-vous des Peugeot 106 ou autre Citroën Saxo électriques dans les années 1990 ? Les municipalités (Paris notamment) étaient fières de dire qu’elles roulaient sans polluer. Elles communiquaient beaucoup moins sur l’argent public gaspillé dans l’achat de ces véhicules très chers, peu fiables, peu endurants et au final bien encombrants. Que dire des bornes de rechargent à l’abandon qui parsèment la ville et qui n’ont même pas pu être recyclées pour alimenter les Auto-lib’…
Cela fait donc des dizaines d’année qu’on nous parle d’une révolution électrique qu’on ne voit toujours pas arriver. Renault a reproduit le même schéma qu’au début des années 90 : investir massivement dans une technologie à peine plus développée qu’il y a 20 ans avec le soutien des pouvoirs publics et pour une clientèle toujours aux abonnés absents.
La logique ? Ne cherchez pas, il n’y en a pas. Dans le vide sidéral de leurs projets industriels de l’époque, ils ont choisi le moins pire… (il y avait pourtant tellement à faire)
Les résultats ? Le Renault Twizy et la gamme Zéro Emission (Zoé, Fluence, Kangoo). Révolutionnaires… pas vraiment. Ah et j’oubliais, en raclant les fonds de tiroir ils ont réussi à exhumer Dacia (j’y reviendrai un autre jour…).
D’autres constructeurs ont préféré poursuivre leur recherche dans le bon vieux moteur à explosion. Et les résultats sont là! VolksWagen a récemment présenté sa XL1 qui consomme 1l/100 km (sur le papier)… Coup marketing me direz-vous. Je vous le concède. Mais un VW Touran (petite familiale) 2.0l TDI (140 chevaux) est capable de parcourir 1 000 km avec un seul plein, soit une consommation moyenne d’à peine 5,6l/100km et dans des conditions bien réelles (j’ai des photos s’il y a des sceptiques) ! Vous traversez la France en 10 heures et pour un budget carburant de 90 euros. En voiture électrique, vous auriez dû recharger 5 fois vos batteries, payer au moins une nuit d’hôtel et vous seriez peut-être arrivés à la fraîche mais vraiment décontractés…
Et ces progrès dans les motorisations se conjuguent à d’autres technologies développées ces dernières années (non, non, pas en France…) qui concourent elles aussi à réduire les consommations : utilisation de l’aluminium beaucoup plus léger que l’acier (depuis plus de 10 ans chez Audi), développement de boîte de vitesse sophistiquée… VW a ainsi présenté sa troisième génération de boîte de vitesse à double embrayage –la DSG10 (10 comme 10 vitesses pour réduire toujours plus la consommation !) alors que Renault commercialise depuis quelques mois seulement sa première génération.
Alors, où est le progrès ? Faire dépenser 20 000 euros (- 7 000€ d’argent public grâce au bonus écologique) à ses clients pour leur donner bonne conscience ou leur offrir la liberté de voyager sereinement et efficacement ?