Enfant je jouais aux petites voitures. Mais aussi aux petits camions. Une petite fille aux longs cheveux et à la silhouette fine qui voulait rouler à bord d’une grosse carcasse protectrice. A bord d’un poids lourds qui allégeait mes rêves. Il scintillait en fendant le bleu cobalt de la nuit. Le jour, les grandes vitres s’abaissaient. Mon avant bras gracieux plaqué sur l’immense portière, je croquais le paysage de haut. Les fragrances des fleurs montant jusqu’à moi d’autant mieux. Je ne craignais rien, plus rien, dans mon grand bahut que rien n’arrête. Et qui m’offrait sa confiance de poto bien costaud prêt à m’emmener là où je voulais. Mon camion gagnait tous les concours de beauté en roulant des mécaniques avec ses gros phares qu’on reconnaissait à des kilomètres.
Je m’imagine toujours tout plaquer pour prendre le volant aussi large que mon cerceau d’enfance. Celui que je faisais tourner autour de ma taille avec mes rires de gamine. Du haut de ma grande cabine couverte de posters de voitures qui vont vite, je regarderais le monde. Les gens. Dans ce temps hors du temps à bord de mon tapis volant géant. Je dormirais dedans et je guérirais, qui sait, mes blessures.